L'Afrique t'apprendra la patience (ou pas)

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Bonjour Bonjour!!

Aujourd'hui je vais te parler du temps, non pas de la météo (tes amis facebook s'en chargent déjà assez bien hin hin hin ) mais de la notion du temps en Afrique et particulièrement ici au Congo

Un jour j'ai lu sur un forum, l'expression " Le blanc a la montre, le noir a le temps". On dit que les français sont trop pressés, qu'ils courent tout le temps dans tous les sens. C'est sûrement vrai, puisque depuis que nous sommes expatriés en Afrique, je sens bien que le rythme n'est pas le même. Ici nous sommes bien loin de nos vies à l'occidentale, à 200kms/heure, et remplies de stress. Enfin, ça dépend pour qui hein, on va pas faire de généralités.
 Mais tu as peut être déjà entendu parler, par exemple, du fameux quart d'heure africain, qui signifie que si t'as un RDV, la personne arrivera  avec 15 minutes de retard... Et bien oui, en Afrique, on apprend à ATTENDRE et à avoir de la patience. 

En ce qui me concerne, je ne suis pas très patiente. Je n'aime pas non plus faire attendre les autres. Je suis cette nana qui arrive soit pile à l'heure, soit carrément en avance. Et forcément il m'a fallu un temps d'adaptation lorsque nous avons commencé notre expatriation.

Au Nigéria cela commence par les embouteillages interminables au quotidien, portant le doux nom de "go slow" ( aller lentement), et dans lesquels tu peux mettre plus d' une heure pour faire un trajet qui prend normalement 5 minutes. Une aubaine pour les petits vendeurs des rues, qui en profitent pour s'approcher de ta bagnole et te vendre un balai à chiotte, des livres de coloriage, un kilo de bananes ou le dernier album de P-Square. Jusque là tout va bien.

 Ça se corse quand tu fais, par exemple, appel aux services du maintenancier qui gère ton immeuble. Bon, quelques uns sont efficaces et réactifs, mais il y a tous les autres... Ceux qui te disent qu'ils sont là dans une heure, et qui se pointeront probablement le lendemain, ou le mois d'après, ou même jamais!!  Une grosse pensée pour la personne qui s'est retrouvée bloquée dans l'ascenseur un dimanche soir à minuit... 

A Pointe Noire, outre les problèmes d' infrastructure (que les congolais sont les premiers à déplorer), j'ai l'impression qu'il y a une toute autre notion du temps.  On atteint le summum de la zénitude. Pas question de courir partout, on prend le temps...   Cela est très bien résumé sur le panneau d'un des restaurants les plus fréquentés de Pointe Noire "You are entering a stress free zone".  Et puisqu'on parle de resto, bien qu'on trouve sans problème des établissements offrant un service impeccable, on peut aussi tomber sur des restos où ton plat mettra tellement de temps à arriver, que t'es limite obligé de prolonger l'apéro pour au final être complètement bourré au moment où on t'apporte ton repas! 
Notre record, 3 heures d'attente dans un petit restaurant (un nganda)en bord de mer, mais comme c'est bon, et que le cadre ainsi que le personnel sont sympas, on y retourne régulièrement!
  
Un état d'esprit qui me rappelle cette expression malgache "mora mora" (doucement doucement), pour qualifier le rythme de vie à Madagascar. En effet, sur la grande ile, la vie tourne aussi au ralenti, mais si j'ai bien du sang malgache qui coule dans mes veines, ayant grandi en France, je n'ai pas vraiment intégré le "mora mora" dans mon mode de vie.

 J'essaye de prendre en compte cette nouvelle notion du temps au quotidien, mais ce n'est pas toujours simple quand on est du genre speed. C'est un peu le challenge de cette expatriation, parce qu'on doit s'éfforcer à fonctionner autrement, et au fil des mois, je m'y suis habituée.

Un jour j'ai même eu l'idée saugrenue de ne pas me presser avant un RDV important  ( #YOLO #ThugLife #JeMadapte!). Evidemment, le monsieur, un congolais, était arrivé non pas à l'heure, mais carrément EN AVANCE... et il n'a pas manqué de jeter un oeil sur sa montre, en esquissant un sourire, lorsque nous sommes arrivés, moi, ma tête de vainqueur, et mon quart d'heure africain...