Expatriation et Turnover

Les vacances d'été approchent à grands pas. Alors que certaines familles se préparent à quitter un pays, d'autres sont sur le point de débarquer dans celui-ci. C'est le turnover. La fin d'une aventure, le début d'une autre. Il y a ceux qui sont mutés au dernier moment, et qui découvrent la prochaine destination à quelques semaines du départ, et puis ceux dont tout a été planifié de longs mois à l'avance. Les  mails que je reçois depuis avril-mai confirment l'ambiance du moment: les futurs expats ont besoin de savoir où ils vont mettre les pieds, et de savoir à quoi ressemblera cette nouvelle vie en Afrique subsaharienne. 

D'un autre côté, nous recevons une flopée de mails contenant des petites annonces provenant de futures ex-expats ponténégrins, qui doivent d'urgence se débarrasser de certaines affaires. Il y a également ceux qui ont la générosité d'en offrir aux associations ou au personnel de maison (gardiens, ménagère ect.). Brefs, les containers se remplissent, les maisons se vident. Les send-off parties s'enchaînent. Les amitiés qui s'étaient construites en si peu de temps sont sur le point de se terminer, on se dit qu'on se reverra, on se promet de se donner des nouvelles. Seul le temps nous dira si c'est vrai.

Au milieu de tout ça, calés dans notre petite bulle, nous comptons aussi les jours. Mais pas pour les même raisons. On se contente de planifier nos vacances en France. Comme chaque été, retour oblige au pays du fromage qui pue, mais avec cette fois la joie de retrouver notre appartement, et certainement l'occasion de visiter aussi une autre ville d'Europe! Installés depuis maintenant 10 mois à Ponton, le turnover ne nous concerne pas. Si on boucle nos valises dans quelques jours, ce sera simplement pour mieux revenir ;-)!  Et tant mieux puisqu' on est plutôt bien ici, même si ce n'est pas la fête du slip tous les jours! Nous nous sommes très bien adaptés. C'est marrant parce que pour certains expats la vie au Congo semble si difficilement supportable, alors que d'autres ne quitteraient ce pays pour rien au monde, comme si une force invisible les empêchait de rentrer au bercail.

Personnellement je suis entre les deux. Pour moi ce n'est pas une expatriation difficile. C'est même en quelque sorte un privilège pour notre petite famille de mener la vie qu'on mène. Et puis une belle opportunité pour moi d'exercer un métier que je n'aurais pas forcément fait en métropole! J'ai aussi la chance de pouvoir côtoyer de nombreux congolais dans le cadre de mon travail, car je n'avais pas envie de rester enfermée dans un cercle d'expats. Il  en faut finalement peu pour se sentir à l'aise dans un pays. Ce n'est pas une question de courage, ou uniquement d'adaptation. C'est une question de perspective. D'ailleurs je crois que  le plus difficile pour nous, ce sera plutôt notre adaptation lors d'un retour définitif en France. Le paradoxe de l'expat? Ha ha ha ha ha ha...

 Evidemment  nous ne resterons pas ici toute notre vie. Il se peut qu'un jour on finisse par se lasser de Pointe Noire. Ou peut être pas. Je n'en sais rien. En tout cas nous repartirons dans 2 ans, peut être 3, ou même 4 ans!  Nous remplirons une nouvelle fois des cartons, nous dirons au revoir aux anciens, et "encouragerons" les nouveaux. C'est ça aussi la vie d'expat.