Hey le temps, tu veux bien t'arrêter 2 secondes?

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Parce que là ça va vite, trop vite... Tu vois ce matin là,  je suis allée quelques minutes sur la terrasse. J'entendais les gardiens et les femmes de ménage de l'immeuble, palabrer dans la rue. Il y avait ce type mal fagoté balayant je-ne-sais-trop-quoi, tout en chantonnant.  Sur le trottoir d'en face, un mec vêtu d'un Tshirt jaune au logo d'MTN s'est assis sur la chaise du gardien, complètement défoncée...la chaise hein, pas le gardien...quoique...

Bref, il attendait que les clients se ramènent pour lui acheter des cartes de recharges téléphoniques. Affalé, les bras croisés, je ne sais pas vraiment si il attendait les clients ou seulement que le temps passe... Et j'ai eu cette douce impression que le temps s'était soudainement arrêté.

J'ai oublié l'Afrique un instant. Les images se sont mises à défiler dans ma tête. Paris, le métro qui pue bondé, la foule, le bruit des portes de la rame qui se referment, les bousculades... ma famille, les blagues pas drôles de ma soeur, les leçons de morale de maman, le chat qui laisse traîner ses poils et ses pellicules jusque dans la cuisine.

J'ai pensé aussi à Perpignan, ma ville étudiante. Les soirées, les restos, les virées en Espagne, les sorties ciné, les balades le long de la plage à canet, les petites boutiques à Collioure, les secrets partagés, les histoires de fesses, les café-terrasses du centre ville, les soirées salsa au Habana...
J'ai repensé à mon appartement d'étudiante. 35m2, j'ai souri en visualisant mes rideaux immondes kitchs achetés chez Gifi (quelle idée de génie LOL), mes guitares Maryjane et Albion (oui j'donne des noms à mes instruments huhu), mes albums et ma collection de livres.

Pendant ce temps là à Ponton, le balayeur, balayait toujours. Le gardien papotait toujours. Le vendeur de recharges attendait toujours sur sa chaise... défoncée.

Mais damned, j'ai eu du mal à rouvrir les yeux. Toutes ces années sont passées si vite.  Je me revois, grosses lunettes vissées sur le nez, réviser mes cours de gestion à la B.U, avec mon binôme tout en programmant nos futures vacances dans la capitale... "Et puis on ira grailler chez Bert's, ah on ira aussi à Beaubourg, et puis il y a cette friperie dans le 18ème ... "
 Il y a eu aussi toutes ces heures d'insouciance, et d'ivresse,  où on pensait qu' on ne sera jamais aussi jeunes et aussi tarés que maintenant. "Que le futur aille se faire foutre", verre de vodka à la main "tchin!".   Et puis je me revois discuter avec Loulou pour lui dire que j'suis tombée amoureuse durant mon stage en Angleterre. "Je crois que lui, c'est le bon!"

 Ca fait drôle quand la bulle éclate. Le vendeur a quitté sa chaise, le balayeur est parti balayer de l'autre côté. Les femmes de ménages ont cessé de glousser et sont entrées dans l'immeuble pour faire briller les escaliers ou pas. 
Et puis entendre cette petite voix me dire "Maman MAMANNNN !!!Je suis pas un bébé, moi je suis une Graaaaande fille..."