C'était une idée stupide...

C'était une idée stupide. Futile. Puérile. C'est ce que je pensais il y a un an, lorsque j'ai eu cette étrange  pulsion. Impliquée depuis quelques temps dans des projets d'écriture, j'ai eu la drôle d'idée d'ouvrir également  un blog, pour partager un peu de ce que je vis, ici, à des milliers de kilomètres de la France. J'ai trouvé cela stupide parce qu'il y a quelques années (bon ok 10 ... ), à l'époque où tout le monde était branché "skyblog" dans mon lycée, j'avais déjà expérimenté la chose, en parlant de mes groupes de rock et de mes problèmes d'adolescente ( pas boutonneuse) mais grave paumée... Tout cet étalage public. C'était stupide. Vraiment.
Alors quand l'an dernier, j'ai cliqué sur le bouton publier, j'étais un peu sceptique. Oops  I did it again... 


Pourtant j'étais convaincue qu'il fallait que je le fasse. Pour la famille, les amis, tous ceux qui s'inquiétaient pour nous ou qui se demandaient simplement à quoi ressemblait notre vie d'expat au Nigéria.
Il fallait que je le fasse, parce que entre ceux qui pensaient qu'on vivait dans une case et qu'on ne mangeait plus que du manioc, ou ceux qui pensaient qu'on portait quotidiennement un gilet pare-balles dans notre "pays en guerre", je me suis dit qu'il était peut être temps de leur offrir une petite immersion dans notre vie d'expat...  même si le principe du blogging me dérangeait un peu à l'époque. Mais tout raconter à tout le monde par téléphone ou lors d'un retour express en France, c'était pas possible.


Plus que de parler du pays en lui même, j'ai choisi de parler de mes émotions, de mon ressenti, de la manière dont je vivais cette expatriation un peu "hors norme". Hors norme, dans le sens où nous avions quitté notre 35m2 parisien, pour un 350m2 Lagossien. Hors norme dans le sens où l'amoureux et moi on se débrouillait seuls comme n'importe quel couple, et qu'à respectivement 23 ans et 28 ans on s'est retrouvé avec des employés de maison (et tous les avantages et inconvénients qui vont avec!). Hors norme dans le sens où nous avons un appartement de fonction, une voiture de fonction ect ect...Le cliché même d'une prison dorée, dans un pays que les médias qualifient d' "hostile". Et puis évidemment il y a eu le choc culturel, cet immense fossé entre les nigérians et nous expats français.

Notre mode de vie, et notre façon de voir et vivre les choses ont été bouleversés, c'est certain.

  Il a donc fallu que je noircisse des pages, parce que j'avais peur d'oublier un jour, tout ce qu'on a pu ressentir durant ces années incroyables. J'ai pensé à ma fille aussi, bien trop petite pour garder des souvenirs des premières années de sa vie. Un jour j'imprimerai quelques unes de ces pages, pour qu'elle sache comment était notre vie dans ces pays de l'or noir, et quelles ont été ces personnes qui l'ont aimée et chérie dans une autre langue que le français. 

J'étais pourtant loin, très loin de m'imaginer où cela me mènerait aujourd'hui. Mon blog, mon défouloir, mon exutoire, mon passe temps, mon journal pas vraiment intime. En peu de temps, des gens que je ne connaissais pas sont venus me lire. Des expats, des curieux, des mamans, des baroudeurs, des psychopates...
 Plusieurs mois après je recevais mes premiers courriers de lecteurs. Quand tu reçois un mail dans lequel la personne te remercie pour ce que tu fais, ça te colle un smile sur la figure pour le reste de la journée. Et quand tu en reçois plusieurs, tu te dis que finalement tu as eu raison de te lancer dans cette aventure bloguesque...

  Et puis au fur et à mesure, de plus en plus de lecteurs sont arrivés sur mon blog, non pas par hasard, mais parce qu'ils sont venus y chercher quelque chose. Voir les requêtes google qui les ont menés à mon blog est un vrai régal: cela va du classique  "sécurité des expats à Lagos", au plus farfelue " vie sexuelle d'une expat en Afrique" (Pour la deuxième requête je ne suis pas certaine que tu trouveras une réponse sur mon blog...ahem).
 C'est là que j'ai compris que bloguer c'était bien plus que du racontage de life. J'étais quelqu'un d'accessible, en mesure de partager des informations que les gens avaient du mal à trouver ailleurs ( ce qu'on m'a souvent dit par mail), tout en y ajoutant une dimension émotionnelle, parfois humoristique, pour que ce blog reste avant tout un moment de divertissement.

Mais ce n'est pas tout, ce blog qui n'est pourtant rien de plus qu'une succession d'anecdotes, dans lesquels je glisse parfois quelques petits conseils, m'a offert bien plus: Un job.

C'est en partie grâce à lui qu'un mois et demi après notre installation au Congo, j'ai pu décrocher un travail. Aujourd'hui j'apprends donc un métier,  auquel je n'aurais peut être pas eu accès aussi facilement, si il n'y avait pas eu ce blog, si il n'y avait pas eu ce bouleversement, cette expatriation, cette rencontre avec mon amoureux au pays du fish and chips en 2010... Bref, tu connais l'effet papillon?

En fait non, cette idée n'était pas si stupide. C'était même une chouette idée...  Happy birthday to my blog...et encore merci à vous tous :-)

ps: Pour papoter et faire connaissance c'est par ICI , pour voir un peu de notre vie d'expat en photos rdv sur Instagram (pseudo: fafa.expat)